266                   ' Les Spectacles de la Foire.
dans un carroffc de louage avec deux femmes, ont demandé à fouper et ont refté une partie de la nuit malgré lui dans fon cabaret, ont môme demandé dès Ie grand matin à déjeuner et ont fait une dépenfe de 80 livres, ont mangé à fouper une matelotte fort ample, une hurne (sic) de faumon falé, une carpe frite, huit merlans, huit foies. A déjeuner une macreufe, un maniveau d'é-perlans, un demi-cent d'huîtres et bu vingt bouteilles de vin : deux defquels particuliers s'en font en allés après déjeuner, les autres qui font reftés ayant répondu pour eux de l'écot; qu'étant queftion préfentement de payer ladite dépenfe et même le carroffe de place quia refté toute la nuit dans fondit cabaret, aucun defdits particuliers et defdites femmes ne fe font trouvés avoir .,?dc l'argent, en forte que, ne connoiflant point lefdits particuliers ni lefdites femmes, il a fait requérir notre tranfport en fa maifon à l'effet de lui pro­curer le payement de ce qui lui eil dû : nous déclarant même qu'ils ont en­voyé chercher un maître à danfer pour jouer du violon afin de les divertir pendant le fouper. Et nous commiflaire fufdit nous étant informé quels étoient lefdits particuliers ét lefdites femmes, avons appris que l'un d'eux fe nommoit Pierre-Adrien Nugent, fans emploi ni condition, un autre fe nommer Jac­ques Dorléans, fauteur au jeu de Francifque à la foire St-Germain, un autre Jacques Bridou, fils d'un ferrurier, rue de la Parcheminerie, et le qua­trième François Prota, maître à danfer; que l'une defdites femmes fe nom­moit Françoise Dorléans, fœur dudit Dorléans et femme de Pierre Coquille, comédienne à la foire, et l'autre Anne Drouin, fille. Et ayant remontré aux­dits fufnommés qu'ils avoient tort d'avoir fait une dépenfe fi confidérablc chez ledit Martin, n'ayant aucun argent pour payer, et que s'ils ne le payoient et ne lui donnoient des fûretés nous les envoierions ès prifons du Châtelet pour leur apprendre à ne pas abufer de la facilité que ledit Martin avait eue de Ieur donner ainfi à boire et à manger. Et lefdits Dorléans et Nugent ont donné des affurances par écrit audit Martin de le fatisfaire et ont promis auflî de payer Gabriel Latour, cocher dc place, fervant le nommé Pâris, loueur de carroffes, demeurant rue de Normandie, au Marais, qu'ils gardoient depuis hier au foir. Et ayant été informé que ledit Jacques Bridou, qui a été ci-devant condamné aux galères, qui eft le fils d'un ferrurier demeurant rue de la Parcheminerie, s'en étoit échappé et étant obligé d'en demeurer d'ac­cord, nous l'avons fait conduire par Duchoifelle, exempt de M. le prévoft de l'île, ès prifons du Châtelet, comme vagabond et repris dc juftice, pour le faircécroueràla requête de M. le procureur du Roi et de ce que deflus avons dreffé le préfent procès-verbal, etc.                                  "
.—Signé : Labbé.
(Archives det Comm,, n° 1850.)
D ORLÉANS (Françoise), sœur du précédent et comédienne foraine en 1721. Voy. Dorléans (Jacques).